Une étude britannique de l’Université de Manchester (1983-2017, 2 945 seniors) démontre que le décalage progressif des repas avec l’âge n’est pas anodin : chaque heure de retard du petit-déjeuner augmente la mortalité de 8 à 11 %.
Quand l’âge dérègle l’horloge des repas et en particulier le petit-déjeuner
Les participants (âge moyen : 64 ans, 71,5 % de femmes) déclaraient à l’inclusion :
- Petit-déjeuner : 8h22 (±43 min)
- Déjeuner : 12h38 (±30 min)
- Dîner : 17h51 (±53 min)
Avec le temps, le petit-déjeuner se retardait de +7,94 minutes par décennie (ajusté : +2,89 min), tandis que le dîner glissait de +3,67 minutes. En moyenne, le petit-déjeuner était pris 31 minutes après le réveil et le dîner 5,38 h avant le coucher.
Sur 22 ans de suivi (63 388 participant-années), 2 361 décès ont été recensés.
- Risque quantifié : chaque heure de retard du petit-déjeuner augmente la mortalité de 11 % (HR : 1,11 ; IC 95 % : 1,03-1,18).
- Survie à 10 ans : 89,5 % chez les “mangeurs précoces” contre 86,7 % chez les “mangeurs tardifs”, soit 2 800 décès évitables pour 100 000 seniors.
Retarder le petit-déjeuner : facteurs aggravants et profils à risque
L’analyse de 19 pathologies via le Cornell Medical Index met en évidence des associations :
- Fatigue et dépression : petit-déjeuner retardé
- Anxiété : fenêtre alimentaire raccourcie
- Santé bucco-dentaire : dîner plus précoce
Un sous-échantillon de 1 226 génotypés confirme l’effet des chronotypes : chaque écart-type du score polygénique “vespéralité” retarde le petit-déjeuner de 7,2 minutes, le déjeuner de 3,1 min et le dîner de 3,9 min.

Communications Medicine (Commun Med) ISSN 2730-664X (online)
Les auteurs reconnaissent :
- l’absence de standardisation des mesures en chrononutrition,
- l’impossibilité d’évaluer la variabilité jour-à-jour,
- un biais de sélection lié à la santé des participants âgés,
- l’absence de données sur la fréquence des repas ou la composition nutritionnelle.
Le timing alimentaire : nouveau biomarqueur prédictif de longévité
Le timing des repas émerge comme biomarqueur simple et prédictif. Il ouvre la voie à :
- Nutrition personnalisée selon le chronotype (formulations stimulantes le matin pour profils vespéraux, énergétiques prolongées pour matinaux).
- Solutions chronoactives pour seniors : monitoring alimentaire dans les résidences, outils de détection précoce pour aidants, ingrédients ciblés.
L’étude conclut à la nécessité d’essais cliniques randomisés pour valider le potentiel du timing alimentaire comme stratégie de longévité.
Le petit-déjeuner tardif sonne-t-il vraiment le glas ? Cette étude britannique de 34 ans apporte une réponse quantifiée : oui, et à hauteur de 8% de risque supplémentaire par heure de décalage. Pour l’industrie nutraceutique, c’est l’émergence d’un nouveau biomarqueur accessible et prédictif.