Cette migration de X vers Bluesky n’est pas que symbolique : elle témoigne d’une redéfinition réelle des espaces où se rencontrent les savoirs. Pour les décideurs en communication scientifique et en publications B2B, comprendre les mécanismes et les opportunités de ce basculement est essentiel. Regardons ensemble les chiffres, les dynamiques d’engagement, et les implications stratégiques.
En résumé
Entre 2023 et début 2025, 18 % des universitaires – sur un échantillon de 300 000 profils suivis par l’Université de Zurich – ont migré de X vers Bluesky. Le taux varie fortement selon les disciplines : 31,3 % dans les arts et humanités, contre 13,3 % en médecine. Ces chiffres introduisent une nouvelle ère de communication scientifique, plus ciblée, collaborative et potentiellement plus impactante.
1. Une migration académique mesurée et différenciée
L’Université de Zurich a suivi 300 000 profils académiques, avec un taux migration de 18 % vers Bluesky entre 2023 et début 2025. Le taux est bien plus élevé dans les arts et humanités (31,3 %), nettement plus faible en médecine (13,3 %)

Source: arXiv:2505.24801
2. Pourquoi ce transfert vers Bluesky ? Une plateforme plus propice
Combiné à cette migration, d’autres indicateurs renforcent l’idée que Bluesky devient un espace plus adapté aux échanges scientifiques :
- Des analyses soulignent une croissance spectaculaire de trafic et d’abonnés sur Bluesky, y compris chez Ars Technica, un célèbre site Web spécialisé dans l’actualité et l’analyse approfondie sur les technologies, la science, les politiques technologiques, les jeux vidéo et la société (+63 % d’abonnés en 2025), dépassant certains jours X en volume d’engagement pour les scientifiques.
- Un travail spécifique sur la présence académique montre que Bluesky génère souvent des contenus plus originaux, avec plus d’interactions (likes, reposts, replies, citations) et moins d’informations trompeuses que X.
3. Dynamiques sociales : influence et contagion
L’étude zurichoise ne s’arrête pas au taux de basculement : elle analyse les mécanismes sociaux du passage à Bluesky. Des résultats clés :
- Deux tiers des transitions sont induites par une contagion simple : un universitaire suit les traces d’un pair déjà présent sur Bluesky.
- La migration est stimulée par des looks de réseau (simple contagion) plutôt que des efforts personnels.
- Une majorité des chercheurs qui reconstruisent leurs relations Twitter sur Bluesky restent plus actifs dans la durée.
4. Vers de nouveaux indicateurs (altmetrics) utiles aux institutions
Bluesky n’est pas seulement une plateforme sociale : elle devient un véritable espace de visibilité académique. Les publications sont mentionnées de manière significative, et les échanges paraissent plus riches et engagés que sur X. Cela ouvre de nouvelles perspectives:
- Pour les éditeurs, capitaliser sur ces mentions peut enrichir les altmetrics (des indicateurs qui quantifient la visibilité et l’attention en ligne portée aux publications scientifiques et autres travaux de recherche).
- Pour les institutions, l’analyse de l’engagement (qualité et interaction) devient plus pertinente que des simples compteurs.
Implications pour les décideurs B2B (éditeurs, institutions, communicants)
Enjeu | Ligne stratégique |
Migration organisée | Migration académique mesurée, mais significative : prévoir une présence structurée sur Bluesky. |
Engagement et création de valeur | Plateforme plus interactive, pertinente pour valoriser la recherche. |
Indicateurs alternatifs | Altmetrics plus originaux, à intégrer dans les reportings. |
Réseau solide | Recréer les réseaux Twitter sur Bluesky favorise l’engagement dynamique. |
Adaptation disciplinaire | Univers rejoints à rythmes différents : adapter les contenus (ex. musique, arts vs santé). |
Conclusion & call-to-action
La migration des chercheurs vers Bluesky va bien au‑delà du buzz : c’est une transformation progressive des espaces de circulation du savoir. Pour les acteurs B2B de la communication scientifique, cela appelle à repenser stratégies éditoriales, modes de suivi altmetrics, et gestion des communautés.
Quel premier pas envisageriez-vous ? Un compte institutionnel dédié ? Un suivi actif d’altmetrics sur Bluesky ? Ou une cartographie en interne des chercheurs déjà engagés ?
Références
- Migration universitaire (Université de Zurich) — Dorian Quelle et al., Why Academics Are Leaving Twitter for Bluesky, arXiv, mai 2025 (arXiv)
- Comparaison engagements X vs Bluesky — How is science discussed on Bluesky?, arXiv, juillet 2025 (arXiv)
- Évolution des altmetrics — Are there stars in Bluesky?, arXiv, décembre 2024 (arXiv)
- Trafic et abonnés scientifiques — “X’s dominance ‘over’ as Bluesky becomes new hub for research”, Times Higher Education, avril 2025 (Times Higher Education (THE))