Et si l’hybridation végétale était la véritable disruption du marché ?

Et si le succès des protéines alternatives passait… par un retour partiel à la viande et au lait ? Contre toute attente, les produits hybrides, mêlant protéines animales et végétales, tirent leur épingle du jeu. Le végétal pur stagne, l’hybridation végétale progresse — et redéfinit les règles du marché. Voici pourquoi.

Le marché bascule : quand l’hybridation végétale performe mieux que le végétal pur

Longtemps portée aux nues, l’offre 100 % végétale traverse une zone de turbulences. Selon FoodNavigator (juillet 2025), les ventes de marques entièrement végétales ont chuté de 8,3 % entre 2022 et 2024. En parallèle, les produits hybrides — comme ceux mêlant viande et plantes ou lait et alternatives végétales — progressent de +6,8 % sur la même période.

Albert Heijn, leader néerlandais de la distribution, ne s’y est pas trompé : l’enseigne a lancé 15 références hybrides viande-plante (saucisses, charcuterie) au même prix que leurs équivalents carnés. Résultat : une adoption croissante et une réponse directe aux attentes des flexitariens. LIDL Pays-Bas lui a aussi emboîté le pas récemment avec un haché hybride: 60 % Boeuf et 40 % de protéines végétales.

Même tendance sur le segment laitier. D’après AFN, l’adoption des produits mixant lait et végétal a progressé de +4 % en six mois dans l’Union européenne.

CatégorieÉvolution 2022–2024Source
Marques 100 % végétales-8,3 %FoodNavigator (2025)
Produits hybrides viande+6,8 %FoodNavigator (2025)
Produits hybrides lait+4 % (en 6 mois)AFN, via FoodNavigator (2025)

Flexitarisme, goût, nutrition : les raisons d’un virage inattendu

Le 100 % végétal, longtemps érigé en modèle de vertu alimentaire, ne suffit plus à convaincre. En cause : une expérience gustative encore trop éloignée des standards classiques, et une acceptabilité limitée dans la population générale. À l’inverse, les produits hybrides offrent une texture, une richesse aromatique et une valeur nutritionnelle plus proches des produits conventionnels. Résultat : des bénéfices concrets, mesurables et surtout perceptibles.

Le flexitarisme devient la norme. En 2025, 50 % des foyers espagnols consomment du « lait végétal », contre 37 % en Allemagne et 32 % au Royaume-Uni (FoodNavigator). Cette majorité silencieuse privilégie la modulation à l’exclusion. Et serait une des explications derrière le succès de l’hybridation végétale.

Le mythe du “végétal pur” : une impasse stratégique ?

L’idée selon laquelle “plus c’est végétal, mieux c’est” semble aujourd’hui remise en question. Non pas pour des raisons éthiques, mais économiques et industrielles. L’hybridation permet des gains de productivité, une meilleure automatisation et une adaptation plus rapide aux contraintes de formulation. Elle est aussi plus facile à décliner en marque distributeur — levier clé pour atteindre les volumes critiques à prix compétitifs.

Ce réalisme stratégique contraste avec certains narratifs excessifs portés par des marques trop puristes, qui peinent à convaincre au-delà de niches militantes. L’heure est à la transparence pragmatique : “moitié plante, moitié animal = 30 % de CO₂ en moins, 20 % de graisses saturées en moins, même plaisir en bouche.”

Certes, il faut nuancer ce discours trop négatif à l’égard des alternatives purement végétales. Non seulement, les recettes évoluent dans le bon sens, mais elles répondent aussi à un véritable enjeu planétaire: réussir la transition nutritionnelle actuelle pour arriver à nourrir 10 milliards d’individus en 2050 ! C’est donc une étape presque inévitable, mais cela reste une étape ! Et l’hybridation végétale pourrait donc l’aider à s’opérer en douceur.

    Pourquoi ce n’est pas une trahison, mais une transformation

    En effet, l’hybridation ne nie pas les aspirations végétales, elle les recontextualise. Car dans les faits, moins de 10 % des consommateurs sont véganes, tandis que le flexitarisme concerne plus de la moitié de la population européenne. Miser sur des formats hybrides, c’est réduire l’impact environnemental tout en assurant une adoption massive. C’est parler à la majorité silencieuse plutôt qu’à une minorité vocale.

    Les marques qui réussiront rapidement ne seront pas celles qui s’obstinent dans une vision idéologique du végétal. Ce seront celles qui auront osé hybrider intelligemment, en combinant performance environnementale, accessibilité prix et plaisir organoleptique.

    Le leadership de demain se construit sur l’hybridation d’aujourd’hui.

    Et maintenant ?

    Votre plan marketing inclut-il des solutions hybrides ? Si ce n’est pas encore le cas, il est temps de challenger vos certitudes et d’explorer de nouveaux partenariats R&D. Chez Nutrimedia, nous vous aidons à construire ce virage stratégique — avec méthode, impact et clarté.

    Discutons-en.

    Source

    Food Navigator, “Top trends shaping plant‑based meat and dairy in 2025”, 1 juillet 2025 https://www.foodnavigator.com/Article/2025/07/01/plant-based-trends-2025/ 

    précédentsuivant