Faut-il adopter un régime végétalisé ? Les bénéfices santé sont réels, les risques nutritionnels faibles

Réduire la part des produits animaux dans nos assiettes est un enjeu de santé publique, mais aussi un défi nutritionnel. Peut-on vraiment végétaliser l’alimentation sans déséquilibre ? Une nouvelle étude française, publiée en juin 2025 dans le European Journal of Nutrition, apporte des réponses précises à cette question. En s’appuyant sur les données nationales INCA3, elle modélise l’impact d’un régime végétalisé sur la santé et les apports en nutriments.

Objectif : quantifier les bénéfices et les risques d’un régime végétalisé modéré

L’étude ne s’intéresse pas à des régimes végétariens ou végétaliens théoriques, mais à un sous-groupe réel de la population française adulte (10,7 %), dont l’alimentation est la plus végétalisée (PB+), avec plus de 80 % des apports énergétiques et protéiques issus des plantes.

Les chercheurs comparent ce groupe à celui dont l’alimentation est la moins végétalisée (PB−), pour :

  • Évaluer la prévalence d’inadéquation nutritionnelle (excès ou insuffisance)
  • Estimer les déficiences avérées en nutriments clés
  • Quantifier le bénéfice santé modélisé, en années de vie corrigées de l’incapacité (DALYs), si toute la population adoptait le régime PB+

Des bénéfices nets pour la santé publique d’un régime végétalisé

Moins de maladies, plus de vie en bonne santé

Un passage à un régime végétalisé (PB+) permettrait d’éviter environ 132 700 années de vie avec incapacité (intervalle 125 400–140 000 DALYs).

Les bénéfices portent sur les principales maladies chroniques :

  • Maladies cardiaques ischémiques
  • Diabète de type 2
  • Cancer colorectal

Le gain est environ deux fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, en raison d’une amélioration plus marquée des apports (plus de fibres, moins de viandes transformées).

Des inadéquations nutritionnelles à surveiller

Par rapport aux PB−, les personnes du groupe PB+ présentent :

Moins de risques d’insuffisance pour :

  • Fibres
  • Acide linoléique (oméga-6)
  • Potassium
  • Vitamine C

Mais plus de risques d’insuffisance pour :

  • Protéines
  • Calcium
  • Fer
  • Iode
  • Sélénium
  • Vitamines A, B6, B12
  • Riboflavine

Des déficiences avérées sont également plus fréquentes pour l’iode et la riboflavine dans PB+.
À noter aussi : moins de dépassement des seuils pour les acides gras saturés, mais davantage pour les sucres libres.

Quels sont les leviers nutritionnels en jeu ?

Les bénéfices santé du régime PB+ proviennent de plusieurs facteurs combinés :

SexeMécanismes principaux
FemmesMoins de viandes transformées, plus de fruits à coque, baisse du cholestérol sanguin
HommesPlus de fruits, plus de fibres, moins de graisses saturées

Ce que cela implique pour les acteurs de la nutrition

1. Le régime végétalisé modéré est scientifiquement validé

Ce modèle alimentaire présente des bénéfices significatifs sans basculer dans le végétalisme strict. Il est adaptable, culturellement acceptable, et ancré dans les pratiques réelles.

2. Formulation végétale = vigilance nutritionnelle

Pour éviter les insuffisances observées dans PB+, il est crucial de :

  • Surveiller l’apport en vitamines B12, A, B6, fer, iode, zinc, protéines complètes
  • Enrichir, fortifier ou combiner intelligemment les sources végétales

3. Positionner l’innovation sur l’équilibre

Les marques peuvent revendiquer un positionnement fondé sur la recherche française :

“Un régime végétal raisonné, scientifiquement validé, qui allie bénéfices santé et sécurité nutritionnelle.”

Conclusion

La végétalisation de l’alimentation bénéficie à la santé publique, avec un impact net positif sur les principales maladies chroniques.
Mais elle ne peut être abordée à la légère : des insuffisances nutritionnelles existent, et doivent guider la formulation et les recommandations.

Référence

Pauline Mombert, Jean-François Huneau, Juhui Wang, Jeanne-Marie Membré, François Mariotti. Limited risks of nutrient deficiency and significant modelled health benefits of adherence to a moderate plant-based diet in French adults. European Journal of Nutrition, Vol. 64, Article 200, Juin 2025. DOI

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