La santé mentale, ce capital que l’entreprise épuise en silence

Cet article s’appuie sur le « 2025 AXA Mind Health Report », réalisé avec Ipsos auprès de 17 000 personnes dans 16 pays. Cette 5e édition éclaire les liens entre santé mentale, environnement professionnel et attentes des salariés.
[Source officielle AXA]

Les entreprises prennent soin de leurs finances, de leur réputation, de leur empreinte carbone. Mais qu’en est-il de leur capital mental ? Celui qui repose sur l’équilibre psychique, la résilience et la motivation des femmes et des hommes qui les font avancer chaque jour. En 2025, ce capital est en alerte. Stress chronique, surcharge cognitive, perte de repères… Les signes de fatigue mentale se multiplient dans tous les secteurs. Et pourtant, dans la plupart des organisations, le sujet reste encore traité en surface, voire ignoré. Le rapport d’AXA tire la sonnette d’alarme : il est temps d’agir.

Un état d’urgence silencieux

Le rapport AXA 2025 est sans appel :

  • 1 personne sur 3 déclare vivre avec un trouble lié à la santé mentale.
  • 64 % des salariés ressentent un niveau de stress supérieur à la moyenne.
  • 27 % ont été en arrêt de travail pour raisons psychologiques.
  • Chez les 18-24 ans, 42 % sont touchés par des niveaux graves de stress, d’anxiété ou de dépression.
  • Et pourtant, seuls 47 % des employeurs ont mis en place une politique dédiée, alors que 52 % des salariés en attendent une.

La santé mentale n’est donc plus une problématique individuelle. Elle devient un enjeu systémique, stratégique et collectif, avec un impact direct sur la productivité, le climat interne, la marque employeur et la rétention des talents.

Pourquoi la santé mentale devient un levier stratégique

1. Un enjeu de performance durable

Les troubles psychiques nuisent à la concentration, à la créativité, à la motivation. À l’inverse, un climat de sécurité psychologique favorise l’engagement, la coopération et l’innovation. Dans les entreprises dotées d’une politique de santé mentale, la part de collaborateurs “en souffrance” est divisée par deux (8 % contre 16 %).

2. Une attente sociétale forte

La nouvelle génération de talents valorise les environnements bienveillants et flexibles. Pour recruter et fidéliser, notamment dans les secteurs en tension, les entreprises doivent démontrer leur capacité à prendre soin.

3. Une dimension RSE à fort impact

Agir pour la santé mentale des collaborateurs, c’est contribuer à l’ODD 3 (« Bonne santé et bien-être ») et renforcer la cohérence des engagements ESG. Une politique active en la matière est aussi un marqueur de sérieux dans une démarche B Corp ou entreprise à mission.

Quelles actions concrètes mettre en place ?

Les leviers sont nombreux et peuvent être activés progressivement.

Favoriser la parole : former les managers à détecter les signaux faibles, instaurer des temps d’échange, proposer des dispositifs d’écoute anonymes (hotlines, groupes de parole…).

Outiller les collaborateurs : proposer des outils de diagnostic (comme le Mind Health Self-Check), sensibiliser via des contenus fiables, inclure la santé mentale dans les onboarding ou formations internes.

Agir sur les causes : réguler les charges de travail, instaurer des temps de repos respectés, promouvoir le droit à la déconnexion, accompagner les aidants familiaux.

Cocréer une culture du care : intégrer le sujet dans les indicateurs RH, valoriser les initiatives bien-être, impliquer les salariés dans la définition des priorités.

Un changement culturel plus qu’un plan d’action

Comme le souligne Karima Silvent, DRH groupe AXA :

« Les politiques de santé mentale ne suffisent pas : c’est toute la culture managériale qu’il faut transformer pour faire de la santé mentale un sujet légitime, partagé et intégré à la stratégie. »

Cela passe par une implication réelle des dirigeants, une exemplarité dans les comportements, et une prise en compte structurelle du sujet dans les processus de décision.

Conclusion : et si 2025 était l’année du basculement ?

La santé mentale est un révélateur de la maturité humaine et managériale des organisations. Les entreprises qui sauront la traiter comme un pilier stratégique, et non comme un simple sujet RH ou QVT, gagneront en attractivité, en engagement, en cohérence. Elles deviendront des lieux de travail où il fait bon apprendre, grandir, traverser les crises — et réussir ensemble.

Référence complète :

AXA & Ipsos (2025), Mind Health Report 2025, publié en février 2025. Disponible en ligne : https://www.axa.com/en/about-us/mind-health-report

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