Les bactéries pourpres : l’avenir des protéines durables dans votre assiette ?

Dans un monde où la demande en protéines ne cesse de croître et où les défis environnementaux s’intensifient, l’industrie alimentaire est en quête constante d’innovations durables. Parmi les solutions les plus prometteuses qui émergent dans ce paysage en mutation, les bactéries pourpres constituent une ressource encore méconnue du grand public, mais qui suscite depuis quelques années un vif intérêt chez les chercheurs et entrepreneurs du secteur. Ces microorganismes photosynthétiques, capables de transformer efficacement la lumière en énergie, pourraient bien révolutionner notre façon de concevoir et produire nos aliments.

Certes, leur découverte ne date pas d’hier. Mais force est de constater que ces bactéries pourpres représentent peut-être l’une des réponses les plus efficaces et écologiques aux défis protéiques de demain, depuis ces 5 dernières années. Les connaissiez-vous déjà ? Si pas, plongeons ensemble dans ce monde microscopique aux perspectives macroscopiques pour l’avenir de notre alimentation. Le très bon article de Laetitia Theunis via Daily Science est une première bonne piqûre de rappel.

Des microorganismes fascinants aux potentiels insoupçonnés

Qu’est-ce qu’une bactérie pourpre ? Les bactéries pourpres sont des protéobactéries photosynthétiques capables de produire leur énergie métabolique grâce à la photosynthèse. Leur coloration caractéristique, allant de l’orange au pourpre en passant par le rouge et le brun, provient de pigments spécifiques : la bactériochlorophylle a et b, associée à divers caroténoïdes, de puissants antioxydants.

Contrairement aux plantes et aux algues, ces bactéries réalisent une photosynthèse anoxygénique, c’est-à-dire sans production d’oxygène. Elles utilisent comme source d’électrons des molécules réduites telles que le H₂S, le soufre, l’hydrogène ou la matière organique plutôt que l’eau.

On distingue deux grands groupes de bactéries pourpres :

  • les bactéries pourpres sulfureuses, qui utilisent le sulfure d’hydrogène (H₂S) comme donneur d’électrons et l’oxydent en soufre élémentaire,
  • et les bactéries pourpres non sulfureuses, qui utilisent généralement l’hydrogène ou d’autres composés organiques (Wikipédia, « Bactérie pourpre sulfureuse »).

Un mécanisme de production unique

Ce qui rend ces microorganismes particulièrement intéressants pour l’industrie alimentaire, c’est leur capacité à croître dans des conditions où peu d’autres organismes peuvent prospérer. Elles se développent principalement dans des milieux anoxiques comme les étangs ou petits lacs méromictiques, et peuvent utiliser diverses sources de nutriments pour leur croissance.

« Pour produire des bactéries pourpres à des fins alimentaires, leur source de nutriments doit également être de qualité alimentaire. Pour que le procédé soit durable, ces sources doivent provenir de sous-produits qui ne sont pas encore valorisés », explique le Professeur Baptiste Leroy (UMons), cité dans l’article de DailyScience « Demain, des bactéries pourpres dans l’assiette ? ».

Le projet PROTEBoost : une initiative pionnière en Europe

L’UMons, parlons-en ! Cette Université coordonne le projet PROTEBoost, une initiative unique en son genre et récompensée par l’ESA qui implique une collaboration entre plusieurs institutions belges prestigieuses. Objectif ? Développer de nouveaux aliments sains et protéinés à base de biomasse de bactéries pourpres comme alternatives durables aux produits animaux.

Les défis sont multiples, et notamment la compréhension du potentiel des digestats issus de l’industrie agroalimentaire comme sources de nutriments. Comment optimiser les procédés afin qu’ils soient rentables économiquement et améliorer la qualité de la biomasse produite, par exemple ?

Parmi les sources de nutriments identifiées, on trouve la mélasse de betterave, le lactosérum ou encore les digestats issus de la biométhanisation des déchets alimentaires (des ressources presque illimitées !), qui constituent des sources intéressantes de très bons nutriments pour les bactéries pourpres. Cette approche s’inscrit donc parfaitement dans une logique d’économie circulaire, comme l’explique concrètement cette vidéo publiée sur RTL Info :

Des atouts nutritionnels remarquables

Les bactéries pourpres présentent un profil nutritionnel particulièrement intéressant pour l’alimentation humaine. Si ces bactéries peuvent être très riches en protéines, la qualité et la teneur en protéines dépendent de leurs conditions de culture. Une forte teneur en acides aminés essentiels renforcerait également l’intérêt de les consommer.

Au-delà des protéines, les chercheurs explorent également « d’autres propriétés nutritionnelles comme les acides gras polyinsaturés et certaines vitamines pertinentes pour l’alimentation humaine, comme la B12, ce qui pourrait en faire une source particulièrement précieuse pour les régimes végétar/liens ou flexitariens.

Contrairement à d’autres alternatives protéiques qui nécessitent une supplémentation pour atteindre un profil nutritionnel complet, les bactéries pourpres pourraient offrir naturellement un spectre plus large de nutriments essentiels.

Un impact environnemental réduit

Les protéines alternatives d’origine bactérienne présentent aussi des avantages considérables en matière d’empreinte environnementale, pour plusieurs raisons :

  1. Elles peuvent être cultivées sur des substrats issus de déchets ou sous-produits industriels
  2. Leur culture nécessite moins d’eau que l’élevage traditionnel
  3. Les surfaces nécessaires à leur production sont considérablement réduites
  4. Leur métabolisme capture efficacement le carbone, contribuant à réduire les émissions de CO2

De la recherche à l’assiette : défis et opportunités

L’aspect frais, donc non séché, est très important pour ces nouveaux produits à base de bactéries. On sait que le séchage confère des arrière-goûts très désagréables. Ce constat oriente les recherches vers des techniques de conservation et de transformation préservant au maximum les qualités organoleptiques de la biomasse fraîche.

L’industrialisation de ces procédés représente un défi majeur, mais crucial pour assurer la viabilité économique de cette filière. Mais c’est surtout l’acceptabilité par les consommateurs qui reste un facteur déterminant pour leur succès commercial.

Contrairement à d’autres alternatives végétales qui cherchent à imiter la viande, l’idée n’est pas de créer un faux steak avec les mêmes caractéristiques que le vrai » mais plutôt « de remplacer le steak par une alternative bactérienne qui va prendre sa place dans l’assiette. Cette approche, qui assume pleinement la nature du produit plutôt que de tenter de reproduire l’existant, pourrait constituer une stratégie différenciante sur un marché des protéines alternatives déjà très concurrentiel.

Pour l’instant, aucun produit n’a cependant été commercialisé… Affaire à suivre !

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Sources

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